La mythification de l'Irlande dans "L'Homme Tranquille" de John Ford
Jacques Viguier  1, *  
1 : (Université Toulouse I Capitole)
Université Toulouse I [UT1] Capitole
* : Auteur correspondant

Sens de la communication: John Ford, qui est un des plus grands metteurs en scène de l'époque classique, de ceux qui refusaient d'analyser leurs films (Il disait simplement:"Je m'appelle John Ford, je fais des westerns" et refusait d'ergoter sur les sens de son œuvre) est d'origine irlandaise et cela transparaît notamment à travers ses acteurs et ses personnages: par exemple le personnage récurent du sergent Quincannon interprété généralement par Victor Mac Laglen.

D'une part, il compose une véritable troupe que l'on retrouve d'un film à un autre et qui comprend nombre d'acteurs d'origine irlandaise. D'autre part il mythifie cette Irlande, sorte de Paradis perdu, où tout irait bien malgré quelques querelles classiques entre habitants de la campagne.

C'est dans "L'homme tranquille" que John Ford livre à la fois son chef d'œuvre et une magnifique ode en hommage à l'Irlande.

Difficile de résumer le film dans le cadre des deux cent mots: un ancien boxeur, interprété par John Wayne revient sur les racines de ses ancêtres. Il tombe amoureux de la sœur d'un gros propriétaire (Victor Mac Laglen), interprétée par Maureen O'Hara . Mais c'est une jeune femme difficile à apprivoiser, d'autant que, lorsque le mariage a eu lieu, une histoire de dot non payée par le frère au mari de sa soeur vient compliquer les relations déjà difficiles. Une bagarre homérique entre les deux beaux-frères (qui fait même se relever de son lit de mort un vieillard) conclue le film en beauté.

La mythification repose sur un technicolor exceptionnel et une manière unique de filmer la nature (ah! La robe rouge de Maureen O'Hara sur fond de nature verte et de moutons blancs!!!). Le sujet de l'IRA est abordé de manière très feutrée. Il en est de même pour l'opposition entre catholiques et protestants, le prêtre (spécialiste de pêche à la truite -- interprété par Ward Bond) demandant même à ses fidèles de se faire passer pour des protestants acclamant le pasteur lors d'une visite de son évêque. Tout se finit bien dans la querelle entre les deux beaux-frères, qui deviennent les meilleurs amis du monde et demandent à leur femme et sœur de leur servir à boire. Le film aurait quelques difficultés à passer aujourd'hui sur la question du rôle de la femme, mais, là aussi, cela fait partie d'une époque lointaine.


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